Imperator est un jeu grand-stratégique qui permet
à deux joueurs de se disputer le contrôle de l'Empire
romain de 161 à 217, sans cesse mis en péril par les
invasions barbares et les usurpations de ses propres chefs.
Chaque
joueur dirigera donc l'un les légions de Rome, l'autre les
barbares envahisseurs et éventuellement, les usurpateurs
romains. Si l'usurpateur s'empare du pouvoir, les rôles sont
inversés, ce qui permet de changer radicalement de perspective
plusieurs fois dans la partie.
Le
matériel est très réussi, comme toujours pour
les productions Vae Victis. La carte stratégique représente
l'empire romain dans son ensemble, et les terres contrôlées
par les barbares : elle court de la lande écossaise aux déserts
parthes, tout en frôlant le Sahara.
Les pions sont réussis et représentent les troupes
qui s'affrontèrent durant cette période. Pour Rome,
les légions et autres unités auxiliaires, telles que
les cohortes prétoriennes. Pour les Barbares, de nombreux
peuples sont représentés. Ils sont tous là,
Parthes, Jazygues, Marcommans, Daces
Près d'une quinzaine
différents. Les pions comportent 3 données : la puissance
militaire, la qualité de la troupe (de 1 pour les médiocres
légions orientales à 3 pour les " Maximus "
du Danube
), le bonus tactique applicable au dé du combat.
A
côté des armées, on trouve des pions représentant
les chefs militaires de la période, surtout des Romains.
Impossible de faire la liste, ils sont près de 50 ! C'est
un vrai bonheur pour peu que l'on s'intéresse à l'histoire
de Rome. Marc-Aurèle, l'infâme Commode, Septime Sévère
et même Maximus (le véritable général
romain), on peut tous les retrouver pour notre plus grand plaisir.
Chaque personnage est défini par sa capacité de commandement
(qui lui permet de mener les troupes en campagne), son bonus tactique,
sa valeur stratégique, qui n'est utile que pour l'Auguste
(l'empereur) et sa capacité politique, qui lui sert lorsqu'il
tente l'usurpation.
Un
tour de jeu est divisé en plusieurs phases successives :
· La phase administrative
Chaque joueur prend au hasard un pion baptisé stratagème.
Ces stratagèmes donnent du piquant au jeu et permettent de
faire des coups bas à son adversaire. Notamment, c'est par
l'utilisation de stratagèmes qu'il sera possible au joueur
ennemi de Rome de tenter une usurpation.
· L'initiative
Le Romain lance un dé à 6 face et s'il fait moins
que la capacité stratégique du meilleur de ses Augustes,
il dispose de l'initiative pour le tour et bouge ses troupes en
premier.
· La phase de Géostratégie
Le Romain place ses nouveaux chefs, détermine les fronts
de réserve et crée des vexillations. Les fronts de
réserve, désignés selon la capacité
stratégique de l'Empereur, permettront au joueur romain de
faire sortir des légions de leurs fronts d'origine, ce qui
n'est pas permis normalement. Les légions ainsi libérées
peuvent aller renforcer d'autres régions de l'Empire. Les
vexillations sont la création de détachements en affaiblissant
des légions (trois pour une vexillation). L'avantage est
que ces détachements peuvent sortir librement de leur front.
Les ennemis de Rome peuvent alors déclencher des usurpations
et déterminer l'entrée en guerre de peuples barbares.
· La phase administrative
On vérifie si les chefs ne meurent pas de cause naturelle.
Un tableau est fourni et donne selon l'année le chiffe qu'il
faut faire pour qu'il meurt. Le Romain peut aussi nommer des Augustes
(deux empereurs au maximum) et deux successeurs, les Césars.
L'avantage est double : ils se révoltent moins souvent et
si les Augustes meurent, les Césars prennent la suite sans
qu'il n'y est de guerre civile.
On détermine enfin, en additionnant les capacités
stratégiques des meilleurs chefs de chaque camp, les SMC
(séquences de mouvements et combats), c'est à dire
le nombre de phases qui composeront le tour.
· Mouvements et combats
Les deux camps jouent alternativement, jusqu'à épuisement
des SMC.
Les unités disposent de trois points de mouvement, les chefs
de quatre. Les unités doivent cependant être accompagnés
d'un chef pour utiliser à plein leur capacité manuvrière.
Seules, elles ne peuvent se déplacer que d'une zone. Les
chefs ont donc une importance vitale dans le jeu.
Le combat est résolu très simplement. On calcule le
rapport de force et l'on ajoute au dé les modificateurs tactiques
des chefs. Généralement, on obtient plutôt des
réductions de troupes, rarement des éliminations directes.
· Bilan de campagne
Chaque camp marque un certain nombre de points de victoire. Le Romain,
pour en recevoir un maximum, doit assurer la paix, éviter
les usurpations et vaincre les peuples barbares. Pour le joueur
ennemi de Rome, ce sont les unités barbares à l'intérieur
de l'empire qui lui permettent de marquer des points de victoire.
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Le changement de camp est l'aspect le plus surprenant, et le plus
agréable de ce jeu. Il oblige à adopter une stratégie
adaptée : certes, quand on contrôle les ennemis de
Rome, il faut absolument submerger l'empire avec les barbares. Mais
si l'on s'empare du pouvoir, il faut alors songer à détruire
ces mêmes barbares ! Cela peut conduire à des situations
particulières, la plupart du temps défavorables à
la survie des barbares !
Le système de guerre civile est lui aussi très intéressant.
Un problème se pose constamment au joueur romain : les meilleurs
chefs militaires sont généralement ceux qui ont aussi
une forte probabilité à se rebeller. Que faire ? N'envoyer
que des médiocres aux frontières ? Mais c'est laisser
la porte ouverte à un désastre militaire. Bien sûr,
on peut nommer des Césars et des co-Augustes, mais il suffit
que le joueur ennemi de Rome tire le stratagème adéquat
pour que ceux-ci se révoltent.
De fait, avec l'utilisation de ces stratagèmes, la situation
n'est jamais figée : mutinerie, peste, avantage militaire,
usurpation
Leur diversité ajoute une dimension aléatoire
au jeu bien venue. Bien sûr, en contrepartie, si vous n'avez
pas de chance et tirer des stratagèmes peu intéressants
ou utilisables seulement par votre adversaire, vous allez souffrir
! Dans Imperator comme dans l'histoire, il vous faudra, en plus
d'être un bon stratège, un peu de chance.
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