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Wargame de Frédéric Bey paru en encart dans le magazine Vae Victis numéro 42 (janvier-février 2002)
1 tour représente un an.
Durée d'une partie de 2 heures pour les plus petits scénarios à 20 heures pour la campagne complète.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Imperator

 

Description


Imperator est un jeu grand-stratégique qui permet à deux joueurs de se disputer le contrôle de l'Empire romain de 161 à 217, sans cesse mis en péril par les invasions barbares et les usurpations de ses propres chefs.

Chaque joueur dirigera donc l'un les légions de Rome, l'autre les barbares envahisseurs et éventuellement, les usurpateurs romains. Si l'usurpateur s'empare du pouvoir, les rôles sont inversés, ce qui permet de changer radicalement de perspective plusieurs fois dans la partie.

Le matériel est très réussi, comme toujours pour les productions Vae Victis. La carte stratégique représente l'empire romain dans son ensemble, et les terres contrôlées par les barbares : elle court de la lande écossaise aux déserts parthes, tout en frôlant le Sahara.
Les pions sont réussis et représentent les troupes qui s'affrontèrent durant cette période. Pour Rome, les légions et autres unités auxiliaires, telles que les cohortes prétoriennes. Pour les Barbares, de nombreux peuples sont représentés. Ils sont tous là, Parthes, Jazygues, Marcommans, Daces… Près d'une quinzaine différents. Les pions comportent 3 données : la puissance militaire, la qualité de la troupe (de 1 pour les médiocres légions orientales à 3 pour les " Maximus " du Danube…), le bonus tactique applicable au dé du combat.

A côté des armées, on trouve des pions représentant les chefs militaires de la période, surtout des Romains. Impossible de faire la liste, ils sont près de 50 ! C'est un vrai bonheur pour peu que l'on s'intéresse à l'histoire de Rome. Marc-Aurèle, l'infâme Commode, Septime Sévère et même Maximus (le véritable général romain), on peut tous les retrouver pour notre plus grand plaisir. Chaque personnage est défini par sa capacité de commandement (qui lui permet de mener les troupes en campagne), son bonus tactique, sa valeur stratégique, qui n'est utile que pour l'Auguste (l'empereur) et sa capacité politique, qui lui sert lorsqu'il tente l'usurpation.

Un tour de jeu est divisé en plusieurs phases successives :
· La phase administrative
Chaque joueur prend au hasard un pion baptisé stratagème. Ces stratagèmes donnent du piquant au jeu et permettent de faire des coups bas à son adversaire. Notamment, c'est par l'utilisation de stratagèmes qu'il sera possible au joueur ennemi de Rome de tenter une usurpation.
· L'initiative
Le Romain lance un dé à 6 face et s'il fait moins que la capacité stratégique du meilleur de ses Augustes, il dispose de l'initiative pour le tour et bouge ses troupes en premier.
· La phase de Géostratégie
Le Romain place ses nouveaux chefs, détermine les fronts de réserve et crée des vexillations. Les fronts de réserve, désignés selon la capacité stratégique de l'Empereur, permettront au joueur romain de faire sortir des légions de leurs fronts d'origine, ce qui n'est pas permis normalement. Les légions ainsi libérées peuvent aller renforcer d'autres régions de l'Empire. Les vexillations sont la création de détachements en affaiblissant des légions (trois pour une vexillation). L'avantage est que ces détachements peuvent sortir librement de leur front.
Les ennemis de Rome peuvent alors déclencher des usurpations et déterminer l'entrée en guerre de peuples barbares.
· La phase administrative
On vérifie si les chefs ne meurent pas de cause naturelle. Un tableau est fourni et donne selon l'année le chiffe qu'il faut faire pour qu'il meurt. Le Romain peut aussi nommer des Augustes (deux empereurs au maximum) et deux successeurs, les Césars. L'avantage est double : ils se révoltent moins souvent et si les Augustes meurent, les Césars prennent la suite sans qu'il n'y est de guerre civile.
On détermine enfin, en additionnant les capacités stratégiques des meilleurs chefs de chaque camp, les SMC (séquences de mouvements et combats), c'est à dire le nombre de phases qui composeront le tour.
· Mouvements et combats
Les deux camps jouent alternativement, jusqu'à épuisement des SMC.
Les unités disposent de trois points de mouvement, les chefs de quatre. Les unités doivent cependant être accompagnés d'un chef pour utiliser à plein leur capacité manœuvrière. Seules, elles ne peuvent se déplacer que d'une zone. Les chefs ont donc une importance vitale dans le jeu.
Le combat est résolu très simplement. On calcule le rapport de force et l'on ajoute au dé les modificateurs tactiques des chefs. Généralement, on obtient plutôt des réductions de troupes, rarement des éliminations directes.
· Bilan de campagne
Chaque camp marque un certain nombre de points de victoire. Le Romain, pour en recevoir un maximum, doit assurer la paix, éviter les usurpations et vaincre les peuples barbares. Pour le joueur ennemi de Rome, ce sont les unités barbares à l'intérieur de l'empire qui lui permettent de marquer des points de victoire.

 

Jouabilité


Le changement de camp est l'aspect le plus surprenant, et le plus agréable de ce jeu. Il oblige à adopter une stratégie adaptée : certes, quand on contrôle les ennemis de Rome, il faut absolument submerger l'empire avec les barbares. Mais si l'on s'empare du pouvoir, il faut alors songer à détruire ces mêmes barbares ! Cela peut conduire à des situations particulières, la plupart du temps défavorables à la survie des barbares !
Le système de guerre civile est lui aussi très intéressant. Un problème se pose constamment au joueur romain : les meilleurs chefs militaires sont généralement ceux qui ont aussi une forte probabilité à se rebeller. Que faire ? N'envoyer que des médiocres aux frontières ? Mais c'est laisser la porte ouverte à un désastre militaire. Bien sûr, on peut nommer des Césars et des co-Augustes, mais il suffit que le joueur ennemi de Rome tire le stratagème adéquat pour que ceux-ci se révoltent.
De fait, avec l'utilisation de ces stratagèmes, la situation n'est jamais figée : mutinerie, peste, avantage militaire, usurpation… Leur diversité ajoute une dimension aléatoire au jeu bien venue. Bien sûr, en contrepartie, si vous n'avez pas de chance et tirer des stratagèmes peu intéressants ou utilisables seulement par votre adversaire, vous allez souffrir ! Dans Imperator comme dans l'histoire, il vous faudra, en plus d'être un bon stratège, un peu de chance.

 

Pour conclure, il convient de souligner qu'Imperator est une réussite remarquable de son auteur, Frédéric Bey : jeu paru en encart dans un magazine, il vous passionnera durant des dizaines d'heures, un record ! Sa qualité est bien supérieure à nombre d'autres jeux vendus dans le commerce à un prix souvent exorbitant. Précipitez vous sur ce Vae Victis, vous ne le regretterez pas.