La guerre de Trente Ans, l'enfer lâché sur la terre,
les gravures de Jacques Callot représentant des forêts
de pendus, une guerre hideuse, d'une brutalité inhumaine
qui a ravagé l'aire germanique et l'a laissée exsangue
pour des siècles.
Mais la Guerre de Trente Ans est aussi un conflit crucial qui a
déterminé l'avenir de l'Europe, en mettant un terme
aux ambitions hégémoniques de la dynastie Habsbourg.
Thirty Years War revisite ce sanglant conflit et permet aux deux
camps historiques de s'affronter. D'un côté, les forces
" catholiques " qui regroupent les Habsbourg de Vienne
et d'Espagne mais aussi la Bavière.
De l'autre, le camp qualifié faute de mieux de " protestant
", c'est-à-dire les princes allemands mécontents,
les Danois, les Hongrois révoltés de Gabor, les redoutables
Suédois et la fille aînée de l'Eglise, le royaume
très catholique de France
Thirty Years War reprend les principes directeurs de We the People,
à savoir l'usage cardinal de cartes, dont le bon usage déterminera
le sort du Saint Empire Romain Germanique.
Chaque joueur dispose chaque tour d'une main de sept cartes tirées
de sa propre pile, ce qui évite les coups du sort donnant
à l'adversaire une carte cruciale pour vous
De plus,
elles sont répartis en trois époques (début
de guerre, intervention étrangère et apocalypse).
Suivant les événements, les cartes sont intégrées
progressivement par la suite dans le jeu. Ainsi, il est possible
de suivre à peu prêt le cours historique des choses,
un avantage par rapport à Wilderness War, autre opus de la
série dont nous reparlerons prochainement.
Ces cartes peuvent être utilisées de plusieurs façons
différentes :
-
Le
joueur pourra les utiliser dans leur fonction événementielle,
elles ajoutent alors une dimension historique au jeu très
agréable et cela peut s'avérer parfois décisif.
Le joueur catholique peut ainsi gagner beaucoup de points de victoires
s'il joue les cartes des électeurs au bon moment afin de
se faire reconnaître comme empereur légitime.
- Il pourra utiliser la valeur stratégique qui s'échelonne
de 1 à 3 qui permet de bouger des généraux
et leurs troupes. Les cartes de valeur 1 sont les moins intéressantes
et seuls les meilleurs généraux tels Wallenstein ou
Gustave Adolphe pourront être activés. A l'autre extrémité,
les cartes de valeur 3 sont les plus utiles et les plus rares et
permettent d'activer même les pires des officiers, qui sont
légions surtout chez les Impériaux. Il est intéressant
de noter que la plupart du temps, la carte jouée en tant
qu'événement est retirée définitivement
du jeu. Or, les événements les plus intéressants
sont souvent des cartes 3
Si l'on n'y prend garde, on risque
rapidement de manquer de bonnes cartes, surtout durant la première
partie de la guerre où l'on en dispose que de 15
- La carte permet d'obtenir des renforts. Chaque point de sa valeur
stratégique permet à un général de tenter
un recrutement, soit de mercenaires, plus efficaces au combat mais
plus difficiles à recruter, soit de miliciens.
- Elle permet enfin de payer ses troupes en recevant des aides étrangères.
L'Espagne et la papauté supportent la cause catholique, alors
que les Protestants reçoivent des subsides de leurs alliés
hollandais, anglais et français. On ne peut jouer à
cet usage qu'une seule carte par tour. Sans cette aide, les troupes
impayées devront faire un jet de dé en fin de tour
sur la très redoutée Table de Pillage. Il en résultera
le plus souvent des pertes pour l'armée et une dévastation
du territoire. De plus, une unité détruite de cette
façon est définitivement retirée du jeu
Le
déplacement se fait de ville en ville. En effet, la carte
utilise le principe du " point to point ", c'est-à-dire
de villes reliées entre elles par des chemins qui contraignent
les mouvements des armées. Certaines zones de passage ont
donc une valeur stratégique primordiale.
La guerre de siège est mise à l'honneur : les villes-forteresses
sont nombreuses et devront être prises d'assaut, même
si elles ne disposent pas de garnison. Les sièges sont des
affaires de longue haleine, qui peuvent s'éterniser pour
peu que l'on manque de chance.
Les batailles sont sanglantes et indécises. Chaque général
en chef apporte son bonus, qui s'échelonne de 0 pour les
tacherons des deux camps à trois pour le redoutable Gustave
Adolphe mais aussi pour Tortensson ou le Cardinale Infante d'Espagne.
Des cartes peuvent données un bonus ponctuel.
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Les
Catholiques dominent assez nettement la première moitié
de la guerre. Ils disposent de très bons chefs (Tilly pour
la Bavière et Wallenstein pour l'Empire) et d'une base territoriale
solide. En face, les Protestants sont dispersés. Tout change
avec l'arrivée des Suédois, qui disposent d'une armée
extraordinaire conduite par une pléthore d'excellents chefs,
dont Gustave Adolphe, le Lion du Nord. Certes, il ne fera pas long
feu, les règles de mort des chefs lors des bataille conduisant
à de nombreux décès " héroïques
" mais quel plaisir de le conduire de victoires en victoires
!
Cela
dit, le jeu est très fluide et les armées renaissent
continuellement de leurs cendres grâce à un recrutement
facile. La chair à canon ne manque pas durant ce conflit
Rien n'est perdu et les retournements de situation spectaculaires.
La fluidité est peut être même un peu excessive.
Les armées peuvent aisément parcourir toute la carte
dans une blitzkrieg étonnante. L'absence de possibilité
d'interception ou de retraite avant combat est aussi dommageable.
L'aspect
historique est fort bien rendu de part l'utilisation des cartes
événements, mais aussi par l'accumulation affolante
des marqueurs de dévastation, qui s'accumulent lors du passage
des armées et des pillages de soudards n'ayant pas reçu
leur solde. La carte devient au fil du conflit un champ de ruine
désolé.
Les
conditions de victoire sont tendues. Le Catholique doit exploiter
à fond son avantage initial et gagner par KO ou par négociations
de paix lors du milieu de partie. Faute d'une victoire précoce,
l'arrivée des Suédois et des Français dans
la guerre fait basculer l'initiative dans le camp protestant. Le
mieux à faire est alors de rechercher le nul, qui pourra
être obtenu assez facilement. Le Catholique doit aussi se
méfier de son meilleur général, Wallenstein,
dont l'ambition démesurée menace l'empereur. S'il
remporte trop de victoires, il renversera son maître, à
moins qu'il ne se fasse assassiné, bien sûr
Le
matériel est comme toujours pour les productions GMT de bonne
qualité. La carte est belle, mais un peu surchargée,
et manque de lisibilité. Les pions
sont magnifiques, ainsi que les cartes.
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